Mwamba Meji de la République Démocratique du Congo a croisé les gants aux Jeux Olympiques 2012 avec Medhizov Magomedrasul d´Azerbaijan
Une radio congolaise nous informe de la défaite de notre compatriote
Mwamba Meji
Le matin du 06 août 2012, un programme radiophonique dont
nous étions à l’écoute fait état de l’envoi de nos boxeurs au massacre, faute
de préparation adéquate. Notre boxeur avait été débarqué de la compétition dès
les huitièmes de finale des Jeux Olympiques de Londres 2012. La radio a parlé
de la prestation du boxeur qui n’était pas digne d’un boxeur poids lourd. Notre
réaction à chaud était basée sur les erreurs que nous avions notées auparavant sur
la plupart des clips publicitaires de nos télévisions, matériel auquel nous
avons le plus pu avoir accès concernant la pratique pugilistique par des
personnes évoluant en République Démocratique du Congo. L’après-midi du 06 août
2012, nous avons la surprise de constater sur le web que Mwamba Meji était
exempt de ces défauts (boxe trop physique, peu technique, peu tactique, répartition
du poids corporel plus sur la jambe avant que sur la jambe arrière, ...). La
surprise est si grande que nous avons du mal cette après-midi-là à émettre des hypothèses sur les causes
éventuelles de la défaite de Mwamba Meji.
Ci-après, vient un clip du combat ici concerné. Nous avons
jugé la prestation de notre compatriote sur ce clip. Toutefois, nous sommes en
droit d’émettre des réserves sur la valeur du clip comme matériel d’étude,
réserves que nous avons le devoir de communiquer à ceux qui liront nos
commentaires issus de l’examen du contenu du clip.
La prise de vues semble n’avoir été faite qu’à partir d’un
seul côté du ring au lieu de, idéalement, plusieurs. La position des boxeurs à
certains moments peut ainsi occulter la trajectoire suivie par un ou plusieurs de
leurs membres supérieurs.
Le repos entre la première et la seconde reprise intervient
lorsque le chronomètre du clip marque 5:13 alors que la durée de 3 minutes ne
doit pas être dépassée pour les reprises des boxeurs même professionnels. La
vitesse du combat a probablement été diminuée, ce qui nous permet de mieux voir
la succession de différents événements qui se sont déroulés au cours du combat.
Nous remercions www.congomikili.com qui a eu l’amabilité de
poster ce clip sur www.youtube.com.
Analyse de la prestation de Mwamba Meji
1. Tenues des boxeurs
1.1. Vêtements
À l’instar de son adversaire, Mwamba Meji avait mis un short
et un débardeur sur lesquels nous n’avons rien à redire.
1.2. Casques
Pour des raisons de sécurité, les deux boxeurs avaient mis
des casques. L’adversaire de Mwamba a bénéficié de l’aide de deux auxiliaires
pour mettre convenablement le casque. Cependant, Mwamba n’a été aidé que par un
seul auxiliaire. Cette dernière aide s’est révélée inefficace : à 01:40 du
clip aussi bien qu’à 08:51, on peut remarquer que soit le casque de Mwamba est
mal fermé, soit que la fermeture du casque ne permet pas que ce dernier soit
porté convenablement. Un coup de poing fera sauter le casque de Mwamba Meji à
08:38 du clip pendant que la face de son porteur saignait déjà, ce qui va obliger
l’arbitre à arrêter définitivement le match.
1.3. Chaussures
Mwamba Meji avait mis des chaussures de sport ordinaires
tandis que son adversaire avait mis des chaussures conçues spécialement pour la
pratique de la boxe anglaise. Nous nous attendons à ce que les déplacements
aient ainsi été plus laborieux pour Mwamba que pour son adversaire. Le travail
pugilistique aura été beaucoup plus laborieux que nous ne le pensons si Mwamba
n’a pas l’habitude de s’entraîner vêtu d’un casque et de chaussures de même
nature que celles qu’il avait mises le jour du combat ici concerné.
2. Auxiliaires
2.1. Un seul ?
Mwamba Meji semble n’avoir bénéficié des services que d’un
seul auxiliaire. Nous pensons qu’il en faut plus d’un : un qui dicte la
conduite à tenir à la reprise subséquente pendant qu’un ou d’autres se livrent
à d’autres tâches (massage, rafraîchissement, …).
2.2. La sécurité du boxeur doit primer sur l’envie de ne pas
déplaire
Avant le début de la seconde reprise, l’arbitre constate que
les lacets des chaussures de Mwamba Meji sont défaits et retarde le début de la
reprise, le temps que Mwamba noue ses lacets. En présence d’un tel arbitre, l’unique
auxiliaire de Mwamba n’avait-il pas le droit de demander qu´on retarde le début
du match pour bien serrer la fermeture du casque de Mwamba ou pour demander un
autre casque au cas où le premier se serait révélé trop petit ou que sa
fermeture se serait révélée défectueuse ? L’auxiliaire se sentait-il
coupable de quelque chose ? Dans son camp, quelqu’un se sentait-il
coupable, par exemple d’être arrivé en retard au lieu de la compétition ?
La sécurité du boxeur doit primer sur l’envie de ne pas déplaire.
3. Aspect physiques
3.1. Noir
Mwamba Meji est un Noir, contrairement à son adversaire qui
est un Blanc. Nous nous attendons à ce que sa densité osseuse soit plus élevée
que celle de son adversaire. Il n’est pas étonnant que le déplacement des
segments corporels homologues fasse dépenser plus d’énergie à Mwamba qu’à son
adversaire. Si tel est le cas, une dépense judicieuse d’énergie était donc de
mise.
3.2. Section transversale des muscles squelettiques
En assumant que la section transversale des os des deux
adversaires est identique, celle des muscles squelettiques est moins grande
chez Mwamba que chez son adversaire. Ce dernier serait donc plus avantagé que
Mwamba du point de vue force musculaire maximale.
3.3. Taille
Mwamba est plus grand que son adversaire. La possession de
fibres musculaires squelettiques homologues plus grandes devrait lui conférer un
avantage du point de vue force musculaire maximale mais l’avantage conféré par
une section transversale des muscles squelettiques plus grande par son
adversaire reste plus avantageuse.
3.4. Poids
Mwamba Meji appartient à la catégorie des poids amateurs super-lourds,
limite supérieure des catégories de poids où, par conséquent, les organisateurs
peuvent se voir obligés d’opposer des boxeurs de poids dont la différence peut
être de plusieurs dizaines de kilos, par présence uniquement de la limite
inférieure mais absence de la limite supérieure de poids (]91 kg,+∞ kg[). Il
nous est impossible de savoir qui est le plus avantagé sur ce point de vue. De
fait, le poids des boxeurs n’est pas signalé avec précision par les
statistiques du site des Jeux Olympiques.
4. Aspects techniques
4.1. Garde
Les deux boxeurs ont adopté des positions de garde
visiblement identiques. Toutefois, le placement des pieds et de la tête de l’adversaire
de Mwamba, occupaient la plupart du temps des positions lui permettant
d’atteindre Mwamba à la tête comme au corps, et sur les surfaces antérieures
comme sur les surfaces latérales. Mwamba n’a pas fait d’effort suffisant pour
placer la pointe de son menton près de ou sur la poitrine. La conséquence est
la flexion de sa tête sur le dos au moins à deux reprises peu avant l’arrêt du
match.
4.2. Déplacements
Les déplacements des deux boxeurs nous semblent
irréprochables d’un point de vue qualitatif. L’adversaire de notre compatriote
s’est déplacé de façon à bien cadrer Mwamba afin de contrôler la mobilité de ce
dernier, ce qui est sage de sa part vu sa taille plus courte. Mwamba pour sa
part s’est décalé presqu’en permanence sur sa jambe gauche et autour de son
adversaire, ce qui est sage afin de réduire la surface offerte aux frappes d’un
adversaire aussi collant que le sien. Il faut reconnaître à Mwamba l’effort de
chercher à garder la grande distance entre lui et son adversaire.
4.3. Attaque et défense
Si les jabs ont été utilisés par Mwamba pour garder la
longue distance entre lui et son adversaire, il est à déplorer le visible
manque de puissance de ses coups de poing. En face d’un adversaire aussi
collant que le sien, les directs de droite très appuyés auraient pu réduire la
fréquence des attaques de l’adversaire. Les uppercuts de droite bien appuyés
auraient pu de temps en temps remplacer les directs de droite face à cet
adversaire à la fois collant et plus court. Carlos Monzón est un exemple à
suivre.
Le court adversaire s’est permis avec succès au moins un retrait de
buste, ce que Mwamba aurait pu faire à la fois pour éviter les coups de
l’adversaire et laisser le boxeur collant trop s’approcher avant que Mwamba le
décourage avec des uppercuts bien appuyés.
Pourquoi l’auxiliaire de Mwamba ne
le lui a pas conseillé ? Pourquoi l’auxiliaire n’a-t-il pas conseillé bien
de choses auxquelles nous ne faisons pas allusion mais qui viennent à l’esprit
de l’internaute en regardant le clip ci-haut ? Il fallait pour cela au
moins deux conditions : 1° être le coach habituel de Mwamba et 2° avoir
constaté pendant les entraînements que Mwamba est capable de faire ce que nous
aurions voulu le voir en train de faire. Si cela n’est pas le cas, nous ne
devons pas nous en prendre à l’auxiliaire.
5. Aspects tactiques
Les jabs répété de Mwamba auraient pu servir à préparer des
coups puissants de droite, ce qui n’a pas été le cas.
Mwamba a été trop prévisible. Il est capable de se déplacer
comme Muhammad Ali mais il n’a fait qu’une faible partie de ce que ce dernier
avait l’habitude de faire. De fait, il a tourné autour de l’adversaire uniquement
vers sa propre gauche alors qu’il aurait pu augmenter le degré d’incertitude
chez l’adversaire en inversant de temps à autre le sens du déplacement. Mwamba
ne s’est décalé vers sa gauche qu’en réaction aux attaques de l’adversaire. Ce
dernier imposait ainsi le rythme. Il aurait été préférable que Mwamba augmente
la vitesse de ses décalages pour ainsi imposer le rythme. Il aurait alors suffi
qu’il arrête tout déplacement au moment le plus inattendu pour qu’il retrouve
devant lui un adversaire à la fois surpris et dont les surfaces antérieures et
latérales seraient à sa merci. Willie Pep est un exemple à suivre.
L’adversaire a plus utilisé les feintes que Mwamba.
L’adversaire a provoqué une situation de clinch qu’il a essayé d’exploiter,
contrairement à Mwamba qui aurait pu profiter de la proximité ainsi créée par
l’adversaire pour donner des crochets et/ou uppercuts, coups courts qui
devraient lui faire dépenser moins d’énergie que ses coups longs.
6. Aspects psychologiques
La manque de puissance des coups de Mwamba a travaillé au
profit de l’adversaire qui en profité pour avancer presque continuellement. Peu
avant l’arrêt du combat, Mwamba paraît incapable de masquer sa peur. Cela
aurait possiblement encouragé l’adversaire dans ses attaques.
Qui est le coupable de la défaite de Mwamba Meji ?
Les aspects physiques évoqués plus haut font de notre
compatriote une personne possiblement moins favorisée par la nature que son
adversaire. Le rôle des cadres techniques est d’aider nos boxeurs à tirer le
meilleur profit de ce dont la nature les a doté, si petit soit-il.
L’amélioration des performances sportives observée depuis un
peu plus de trente ans est attribuée par Ackland TR, Elliot BC et Bloomfield J
à une amélioration des conditions de vie, à l’augmentation du nombre de
personnes pratiquant les sports dont il est question, à une plus importante
participation dans les sports concernés par des personnes dont les physiques
sont les plus adaptées à ces sports pour des raisons d’appartenance raciale, à
la contribution des sciences du sports et de la médecine (Ackland, Bloomfield,
& Elliott, 2009). D’après les mêmes auteurs, les coaches portent désormais
attention tant aux faiblesses qu’aux points forts des athlètes, tendent à
adapter leurs interventions à chaque athlète concerné, interventions pouvant
inclure la modification des capacités physiques, des actions au niveau de la
technique et/ou des actions au niveau de la tactique.
Les conditions de vie dans le pays d’origine de Mwamba Meji
sont-elles favorables à la participation des boxeurs à des Jeux
Olympiques ?
Nous avouons ne pas être prêt pour donner la réponse exacte
à cette question. Toutefois, nous avons, sous des cieux autres que la
République Démocratique du Congo, contribué à la préparation des boxeurs à des
compétitions de niveau inférieur à celui des Jeux Olympiques. Au cours des
entraînements ordinaires, certains de ces boxeurs portaient des chaussures
appropriées à la pratique de la boxe anglaise, contrairement à notre boxeur. Le
casque qui finit par s’envoler suite à un coup de poing nous fait nous demander
si le boxeur a l’habitude de porter le casque au cours de ses entraînements et
si celui qui l’a aidé à le mettre aux Jeux Olympiques a l’habitude de vérifier
le port convenable du casque lorsqu’il entraîne des boxeurs.
Nous nous souvenons ici du spectacle pitoyable dont nous
avons été témoin au complexe « Moto Na Moto Abongisa » à la maison
communale de Bandalungwa à Kinshasa. Des boxeurs frappaient le sac portant
uniquement des bandes aux mains et des sandales aux pieds. Le fait de ne pas
porter au cours de cet exercice des gants de même masse que ceux qui seront
portés lors de la compétition risquent d’entamer la force de frappe au cours de
cette dernière. Le fait de porter des sandales réduit la mobilité autour du sac
et, partant, transforme peu à peu le boxeur en cible trop peu mobile pendant la
compétition ; c´est-à-dire une proie facile pour l´adversaire. Cela augmente
la vulnérabilité du boxeur aux attaques adverses et réduit ses possibilités de
profiter des avantages que lui aurait offert une plus grande mobilité.
C’est comme si à Kinshasa et peut-être aussi dans le reste
de la République Démocratique du Congo, les conditions de vie étaient
défavorables à la pratique de la boxe anglaise.
Pour augmenter nos chances de succès au cours de prochaines
rencontres internationales, 1° il est souhaitable que les scientifiques du pays
soient intéressés par qui de droit afin de trouver au sein de notre population
des personnes aux caractéristiques les mieux adaptées à la pratique de la boxe
anglaise ; 2° il est important d’intéresser la population à une
participation majeure à ce sport qu’à ce jour ; 3° un recyclage régulier
des cadres techniques s’impose ; et 4° un suivi convenable des boxeurs
doit se faire grâce à la collaboration des scientifiques et des cadres
techniques.
Invitation aux personnes intéressées à enrichir l’analyse de la
prestation du RD Congolais Mwamba Meji
Les internautes sont invités à réagir positivement et/ou
négativement à tout ou partie de la présente note mais surtout à compléter en
cas de besoin l’analyse et les conseils ci-après.
andre28080@lycos.com
andre28080@lycos.com
Référence
Ackland TR,
Bloomfield J, Elliott BC. The assessment
and modification model. In: Ackland TR, Elliott BC, Bloomfield J, editors.
Applied anatomy and biomechanics in sport. 2nd ed. Champain,
IL: Human kinetics; 2009. p. 3-9.
André MUKALA NSENGU TSHIBANGU,
Le Blogueur.