Préparation d'attaque en boxe anglaise.

Lorsque deux boxeurs se trouvent en opposition et qu'ils jouissent d'aptitudes physiques, d'aptitudes techniques et d'états psychologiques d'égales valeurs, la balance penchera au profit de celui qui aura adopté les meilleures attitudes tactiques. Parmi celles-ci, nous nous permettons de classer les attitudes qui sont regroupées sous la dénomination de préparation d'attaque.

1. Introduction.

Qu'il s'agisse d'un assaut ou d'un combat, toute oppositon en boxe anglaise comprend des phases d'attente et des phases d'attaque. A l'opposé des phases d'attente, les phases d'attaque sont celles au cours desquelles au moins une touche ou un coup de poing sont en train ou tentent d'être délivrés. L'attaque peut utiliser comme techniques le direct, l'uppercut, le crochet, ... Elle peut aussi consister en une répétition de techniques (doublés, triplés, ...) ou un enchaînement plus complexe utilisant les techniques auxquelles il vient d'être fait allusion.

2. Définition de la préparation d'attaque.

C'est tout ce qui peut être permis au boxeur d'utiliser immédiatement avant l'attaque en vue d'augmenter la probabilité de succès de cette dernière.

3. En quoi peut consister une préparation d'attaque.

Dans la mesure où l'on n'enfreint pas le règlement en vigueur, l'imagination trouve beaucoup de place et l'improvisation peut être présente dans l'association ou l'enchaînement de préparations d'une même attaque.

3.1. Déplacements.

3.1.1. Déplacement d'appuis.

Il peut permettre à son auteur de se placer de manière à atteindre plus efficacement la cible qui l'intéresse et/ou de se placer à l'abri d'attaques adverses. Peuvent être utilisés les décalages, les retraits, ... Il prend quelques fractions de secondes et peut être répété plusieurs fois dans le même sens ou en variant les sens
de son éxécution. Voir à cet effet Thomas Hearns dans le dernier clip pendant la première et l'avant-dernière minute.

3.1.2. Déplacement du buste.

La répétition des mouvements latéraux du buste peut faire douter l'adversaire de sa propre capacité de défense, ce qui parfois l'oblige de reculer ou d'adopter une attitude totalement inoffensive (absence de contre ou de contre-attaque). Voir dans le quatrième clip comment Mike Tyson l'utilise à plusieurs reprises.

3.1.3. Déplacement d'épaules.

Une épaule qu'on recule charge d'énergie potentielle l'attaque consécutive utilisant le membre supérieur du même côté. Voir dans le troisième clip comment Anne Wolf met K.O. son adversaire par cette tactique associée à deux autres (travail du bras avant et déplacement d'appuis). Comme l'a si bien fait Anne, il faut de la discrétion dans l'emploi de cette technique afin d'éviter que l'adversaire s'en rende compte et fasse échouer toute la préparation planifiée.

3.2. Placement.

Il s'agit d'occuper pendant plusieurs secondes une position qu'on estime être favorable à sa propre action offensive et/ou défensive. Dans le premier clip, un observateur qui se placerait derrière Mahyar Monshipour aurait l'impression que ce dernier a presque tout le temps la jambe avant de l'adversaire entre les siennes propres. C'est une façon de faciliter les attaques des deux mains lorsqu'on boxe une personne a la fois plus grande que soi et de garde contraire à la sienne propre. Mike tyson le fait aussi dans le quatrième clip.

Dans le premier comme dans le second clip, Somsak Sithchatchawal se met souvent dos aux cordes. C'est parce qu'il sait que son adversaire va l'y suivre, ce qui permet que son puissant uppercut se retrouve sans trop de peine impliqué dans un travail à mi-distance. Pourtant, comme on le voit ailleurs dans les clips présentés, Somsak est capable de se défendre par une succession de retraits totaux et de boxer en tournant autour de son adversaire.

3.3. Cadrage.

Il s'agit d'obliger l'adversaire d'occuper une position qu'on estime favorable à soi en le faisant se déplacer parallèlement aux paires de cordes qui forment un coin du ring. On peut par exemple l'amener dans un coin en le faisant reculer par des directs et se déplacer latéralement par des crochets.

3.4. Pression.

Il s'agit d'augmenter la fréquence de coups et de diminuer la durée des périodes d'attente. L'adversaire se sent souvent obligé à se déplacer. La pression est très utile dans le cadrage. On voit comment elle permet d'accélérer la production du K.O. par Mike Tyson et par Marvin Hagler vers la fin respectivement du quatrième et du cinquième clips.

3.5. Feinte.

Ici, le boxeur trompe la vigilance de l'adversaire en attirant l'attention de ce dernier ailleurs qu'à la cible qu'il se propose d'attaquer. En position de garde habituelle, commencer par un ou deux coups au visage de l'adversaire. Immédiatement après, fixer l'abdomen de ce dernier au même moment qu'on fléchit notablement ses propres jambes. L'adversaire cherchera à augmenter la sécurité de cette partie du corps au détriment de celle de la tête. Le troisième coup envoyé à la tête a plus de chances d'arriver même si les deux qui l'ont précédé n'y sont pas arrivés, à condition de conserver la flexion des jambes et le regard en direction de l'abdomen.

La feinte peut aussi être constituée par une fausse attaque, une suspension ou une inversion du déplacement commencé dans un sens déterminé.

3.6. Attaque réelle par un bras.

Il s'agit généralement de l'attaque par le direct du bras avant. Ce dernier, utilisé au moins deux fois permet parfois de créer une ouverture (cible potentielle) dans la garde de l'adversaire. En outre, il peut cacher le retrait de l'épaule arrière et donc l'augmentation de la puissance du coup porté en utilisant le bras arrière. Cela est bien illustré par le K.O. du troisième clip.

Les premiers coups de certains enchaînements préparent le succès des derniers coups. Voir Somsak dans le second clip.

4. Illustration par des clips vidéo.

4.1. Somsak Sithchatchawal (culotte plus rouge que noire) opposé à Mahyar Monshipour (culotte plus noire que rouge).

Faites attention à la position des pieds de Mahyar. Observez la puissance des crochets et surtout celle des uppercuts de Somsak après la préparation de leur administration par le travail du bras avant. L'uppercut du bras arrière sert de temps en temps de préparateur du crochet du bras avant au corps, mais surtout à la
tête. Notez qu'en absence de préparation par le direct du bras avant, les coups de Somsak portés par le bras arrière semblent moins puissants.






4.2. Somsak Sithchatchawal opposé à Mahyar Monshipour (autre clip).

Remarquez Somsak volontairement placé dos aux cordes. De temps en temps, Somsak boxe en se déplaçant autour de Mahyar dans un sens et brusquement le fait dans le sens opposé. Cela permet de voir et d'attaquer des cibles potentielles chez l'adversaire en le regardant sous d'autres angles avant qu'il ne se "ré-axe", veille à sa sécurité et enfin attaque. Notez aussi que Somsak prépare des attaques des surfaces latérales par des attaques des surfaces antérieures et vice versa. Il en est de même des coups portés à la tête et de ceux portés au corps.






4.3. Anne Wolfe (culotte noire) ou Mike Tyson?

La face reçoit deux directs du bras avant en déplacement vers l'avant. L'attention de l'adversaire étant ainsi mobilisée par la surface antérieure, un crochet du bras arrière à la surface latérale du menton met fin à l'affrontement.






4.4. Mike Tyson (culotte noire) opposé à Larry Holmes.

Observez chez Mike Tyson la position des pieds par rapport à ceux de l'adversaire, les déplacements du buste dès le début, la pression surtout dès le premier K.D. et le direct du bras avant préparant les attaques du bras arrière, spécialement le crochet, technique par laquelle il met l'aversaire K.O.






4.5. Marvin Hagler opposé à Thomas Hearns (culotte jaune).

Thomas Hearns alterne rapidement les attaques et les déplacements d'appuis.






André MUKALA NSENGU TSHIBANGU,
Instructeur Fédéral, Juge et Directeur d'Assaut.