vendredi, octobre 06, 2006

Maîtrise des émotions en boxe anglaise (IV).

Le présent article fait suite à un précédent intitulé "Maîtrise des émotions en boxe anglaise (III)." et logé à l'url (vous pouvez cliquer) http://boxe-anglaise.blogspot.com/2006/09/matrise-des-motions-en-boxe-anglaise_25.html.Pour autant qu'elles soient susceptibles de servir de stimulus au travail pugilistique ultérieur ou d'entraver la bonne réalisation de ce dernier, quelques émotions sont citées sans que la liste en soit exhaustive.

Pour chaque émotion, la définition est suivie de l'énumération des causes susceptibles de l'engendrer ainsi que des réponses comportementales - expressives qu'elle peut avoir. Font défaut les réponses physiologiques et les réponses cognitives - expérientielles étant donné que la plupart échappent à la perception directe tant par les boxeurs qui les abritent que par les personnes qui observent ces derniers. Lorsque disponibles, des clips d'illustration accompagnent le texte.

3. Quelques émotions rencontrées en boxe anglaise.

3.6. La honte.

3.6.1. Définition.

"Sentiment de pénible humiliation qu'on éprouve en prenant conscience de son infériorité, de son imperfection (vis-à-vis de quelqu'un ou de quelque chose)." [Trésor de la Langue Française informatisé (dictionnaire en ligne)].

3.6.2. Quelques causes possibles.

- lorsqu'on perd un affrontement alors qu'on avait prédit la défaite de l'adversaire ou pire,

- lorsqu'on subit ce qu'on croit être une grande humiliation (être vaincu ou envoyé au sol la première fois de sa vie; perdre, surtout par K.O., pour un jeune champion; ...)

- ...

3.6.3. Quelques réponses possibles.

a. Larry Holmes avait déjà arrêté de boxer et n'avait pas de soucis d'argent. Il ne lui avait manqué qu'une seule victoire pour que son palmarès égale celui du légendaire Rocky Marciano (49 victoires au cours des 49 premiers combats professionnels). Mais il n'avait pu supporter l'efficacité de la boxe du jeune Mike Tyson qui, au jour de leur combat, ne totalisait encore que 32 victoires. Il se serait mis à dire à quiconque était disposé à l'entendre qu'il savait ce qu'il fallait faire pour vaincre Mike et qu'il était prêt à le démontrer. Il fallait, selon lui, prolonger le combat, maintenir Mike à distance et profiter de la fatigue que cela occasionnerait à ce dernier. Il remontait donc sur le ring en qualité d'enseignant.

Le début du clip suivant nous montre Larry s'efforçant de mettre son plan en exécution. Dès le début de la quatrième reprise, il semble ne plus redouter les frappes de Mike: il baisse les bras et se met à "voltiger" ainsi qu'aurait pu le faire celui dont il avait été "sparring partner" pendant longtemps (Muhammad Ali). Mais il subit le premier K.D. du match lorsqu'il oublie de s'éloigner de Mike qui venait de s'approcher de lui. Alors que personne ne lui a posé de question, il hoche sa tête de gauche à droite comme pour dire "non". Honte? Lorsque Larry se rend compte qu'il vient de se faire infliger un K.O. par celui qu'il était venu corriger pour avoir commis le péché d'être efficace dans la boxe, lui seul sait ce qu'il ressent mais l'expression de son visage nous inspire personnellement beaucoup de pitié. [Certains détails que nous venons de livrer, présents dans le film, sont peut-être absents du clip ci-dessous que nous n'avons pas eu la possibilité de voir entièrement. Veuille l'internaute ne pas nous en tenir rigueur!]


Larry Holmes (culotte blanche) opposé à Mike Tyson.



b. Le 30/11/1979, à Las Vegas, Wilfredo Benítez (culotte bleue) envoyé au sol par Sugar Ray Leonard était probablement le siège de la honte lorsqu'il fit, après s'être remis debout, des hochements de tête approbatifs (temps 01:59 du clip ci-dessous). Si ce n'est le cas, l'impact du coup de poing auteur du K.D. lui aurait-il procuré des sensations très agréables? Le K.D. rapportait-il des points à Wilfredo Benítez à la place de Sugar Ray Leonard? Peut-être que l'entraîneur Wilfredo Benítez était fier de son élève Leonard qui venait d'atteindre un objectif à lui assigné antérieurement.


Sugar Ray Leonard.




c. ...

3.7. La colère.

3.7.1. Définition.

"État affectif violent et passager, résultant du sentiment d'une agression, d'un désagrément, traduisant un vif mécontentement et accompagné de réactions brutales." [Answers.com (dictionnaire en ligne)].

3.7.2. Quelques causes possibles.

- lorsque, momentanément, on oublie que l'adversaire a lui aussi le droit de sortir victorieux de l'affrontement,

- ...

3.7.3. Quelques réponses possibles.

a. Le 28/06/1997, à Las Vegas, Evander Holyfield affronte Mike Tyson pour la seconde fois, après l'avoir battu le 09/11/1996 dans la même ville. Evander ne monte pas sur le ring en qualité de professeur mais en qualité d'adversaire. Il semble vouloir fatiguer et (qui sait?) énerver Mike en prolongeant le combat par de très nombreuses entrées en "clinch". Cette tactique lui avait permis de fatiguer Mike avant de vaincre ce dernier par K.O. lors de leur combat antérieur. Incapable de déjouer la tactique adverse et voyant une seconde défaite se profiler à l'horizon, Mike se laisse vaincre par la colère et utilise contre Evander des armes non conventionnelles.


Mike Tyson (boxeur plus court) opposé à Evander Holyfield.



b. Circulaient déjà bien loin de son Amérique natale, les echos de l'efficacité de la boxe d'un jeune homme très prometteur qui finira par s'appeler Muhammad Ali. En Angleterre, sur un ring de boxe anglaise, Muhammad s'amuse comme pour l'humilier avec l'Anglais Henry Cooper, une proie "facile". Au temps 03:03 du clip, Muhammad est envoyé au sol par l'Anglais. Il se relève spontanément et presque simultanément avec la fin de la reprise. A partir de la reprise suivante, contrairement à ce qu'il avait fait lors des reprises antérieures, Muhammad intensifie et accélère les attaques contre l'adversaire, comme pour rappeler au public que c'était lui le meilleur. La conséquence en fut un saignement abondant d'Henry qui obligea l'arbitre à arrêter le combat au profit de Muhammad, à moins que la raison de l'arrêt n'ait été d'épargner l'Anglais d'une humiliante défaite par K.O.


Muhammed Ali (peau noire) opposé à Henry Cooper



3.8. Des désirs.

3.8.1. Définition.

Le mot 'désir', "[Accompagné d'un compl. désignant l'obj. désiré]", désigne la "tendance consciente de l'être vers un objet ou un acte déterminé qui comble une aspiration profonde (bonne ou mauvaise) de l'âme, du cœur ou de l'esprit." [Trésor de la Langue Française informatisé (dictionnaire en ligne)].

3.8.2. Quelques causes et réponses possibles.

a. Lorsque, en réponse à de la provocation, on a envie de faire souffrir.

A un moment du clip suivant, nous pouvons voir Mike Tyson s'entêter à attaquer un adversaire malgré l'arrêt du combat par l'arbitre en sa faveur.


Mike Tyson.




b. Lorsque, en réponse à la peur de sortir perdant de l'affrontement, on cherche à déstabiliser, à saper le moral de l'adversaire, et ainsi priver ce dernier des avantages liés au calme, au sang-froid.

Mike Tyson devait rencontrer Lennox Lewis, un boxeur très fort. Craignait-il une défaite? Est-ce cela qui est cause de l'incident qu'il avait provoqué lors de la conférence de presse préalable au combat (bagarre, paroles méchantes, gestes obscènes, ...)?


Conférence de presse préalable au combat entre Mike Tyson et Lennox Lewis.



c. Lorsque, en réponse à de la provocation ou à une humiliation antérieure, on cherche à ridiculiser l'adversaire.

Le clip suivant tire son origine de la première rencontre entre un très bon styliste, Sugar Ray Leonard, et un très grand frappeur, Roberto Durán. Le styliste aurait perdu ce combat en s'improvisant frappeur au lieu d'avoir recours à ses qualités technico-tactiques. Incapable de supporter la vue de la "punition" que son mari recevait de Roberto, Madame Leonard serait rentrée chez elle avant la fin du combat.


Sugar Ray Leonard (peau noire) opposé à Roberto Durán le 20/06/1980 à Montréal (2ième reprise).




A la rencontre suivante, le combat revanche, le comportement de Ray fit que nous pensons personnellement à un combat vengeance du style contre la force.

A partir d'un moment de la septième reprise (temps 01:30 du clip ci-dessous), Ray fit de lui-même une cible mobile et hors de portée. Il baissa les mains, présenta à frapper sa propre face plusieurs fois à Roberto "manos de piedra" (= mains de pierre), invita ce dernier à s'approcher pour frapper, ... Tout cela, sans qu'une seule tentative de Roberto n'obtienne de succès absolu. Ray cassait la distance, frappait et se retirait très rapidement sans que Roberto ait eu le temps de contre-attaquer. Ray joua avec Roberto. Au premier rang, quelqu'un se mit à rire. Ray fit autant. De nombreuses personnes présentes au combat se mirent à se moquer de Roberto dont les attaques et les défenses étaient presque toutes devenues inutiles.

Personne n'avait jamais osé humilier Roberto autant sur un ring et personne, ni Ray lui-même n'avait jamais pensé qu'une telle chose pouvait un jour arriver. Roberto aurait peut-être pu supporter des coups violents mais pas ce que Ray était en train de lui faire vivre. A un moment de la huitième reprise, temps 06:00 du clip, Roberto met une main en l'air en signe d'abandon et prononçe deux mots désormais passés dans l'histoire de la boxe anglaise: "¡No más!" (= ça suffit!). Il rompt le face-à-face et se dirige vers un coin. Ray, pensant à un stratagème de la part de Roberto, envoie un coup dans l'abdomen de ce dernier et le deuxième termine sa course dans le dos de Roberto. L'arbitre s'interpose entre les deux boxeurs et lorsqu'il ordonne la reprise des hostilités, Roberto confirme son désir d'arrêter.


Sugar Ray Leonard (peau noire) opposé à Roberto Durán le 25/11/1980 à New Orleans (7ième et 8ième reprises).




d. ...

n. La suite du présent article.

La suite sera lue dans un article ultérieur.

André MUKALA NSENGU TSHIBANGU,
Prévôt Fédéral, Juge et Directeur d'Assaut.